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Le paradoxe de Bossuet ![]() Tout va mal, très mal, et ce n'est pas prêt de s'arranger. Sur ça, au moins, il semble qu'il y ait, parmi nos concitoyens, un consensus qui frôle l'unanimité. Si vous avez le malheur de faire remarquer que ce pessimisme est une spécificité tout à fait française on vous répondra - au choix - que les enquêtes internationales qui le confirment chaque année un peu plus sont de vastes entreprises de French bashing ou, lorsque le ridicule de cet argument devient trop évident, que c'est bien là la preuve de la lucidité des français : en effet, qui peut nier que tout va mal et que ça empire à vue d'oeil ? Et pourtant, lorsqu'au-delà des anecdotes et des théories on jette un oeil objectif à notre monde, tout ne pas si mal. C'est même tout le contraire : nous vivons vraisemblablement en plein âge d'or, la meilleures période - à tout point de vue - qu'ai connu notre humanité. La pauvreté recule partout à vue d'oeil et avec elle ces fléaux multiséculaires que sont la faim, la malnutrition et l'absence d'hygiène. Nous vivons sans doute la période la moins violente que l'humanité ait connu jusqu'ici. Jamais, aussi loin que l'on puisse remonter, l'espérance de vie, la mobilité sociale ou le taux d'alphabétisation n'ont été aussi élevé et - cerise sur le gâteau - nous polluons de moins en moins [1]. Mais non, le français n'en démordra pas : tout va forcément mal et de mal en pis. Ces chiffres sont faux, biaisés pour ne pas dire manipulés ; « Je ne crois aux statistiques, fait-on dire à Churchill [2], que lorsque je les ai moi-même falsifiées. » La réalité, en France, est affaire de sentiments et comme il se trouve que nous pensons que ça va mal et que ça empire, c'est donc que ça va vraiment mal et que ça empire pour de bon. Le porno du pessimisme Il faut reconnaitre que nos médias et nos « élites intellectuelles » n'arrangent rien à l'affaire. Il suffit, pour s'en convaincre, de dépasser la répugnance légitime que nous inspire le journal télévisé du soir et d'en écouter un de bout en bout. La conclusion s'impose d'elle-même : tout va décidément très mal. Tenez, ce soir on vous annoncera qu'une usine ferme et que ses cinquante salariés vont se retrouver au chômage mais de l'entreprise d'à côté qui recrute à tour de bras, vous n'entendrez jamais parler. Évidemment, vous aurez aussi droit à votre dose quotidienne de violence ; dans le pire des cas, on trouvera bien [...] http://ordrespontane.blogspot.fr/2014/06/le-paradoxe-de-bossuet.html |