Cheval de fer, acte II

Posted by Guillaume Nicoulaud  
Cheval de fer, acte II

Quand John Kennedy s'y était installé au tout début des années 1790, Manchester n'était encore qu'un gros bourg de 50 000 habitants et on venait tout juste d'installer la première machine à vapeur dans une filature de coton [1]. Aujourd'hui, trente ans plus tard, il avait du mal à reconnaitre sa ville d'adoption : on y comptait désormais plus de 200 machines à filer, la plupart animées par les fameux moteur à vapeur de Boulton & Watt, et la population atteignait maintenant les 125 000 âmes. S'il y a bien une ville d'Angleterre qui a vu son destin basculer avec la révolution industrielle, c'est Manchester. En quelques décennies, cette bourgade sans histoire était devenue la ville la plus industrialisée du royaume - et donc du monde - et ce, principalement grâce à son industrie textile pour ne pas dire cotonnière [2]. Kennedy est bien placé pour le savoir : des filatures de coton, son associé et lui en possèdent trois sur Union Street - d'où l'origine de leurs fortunes.

Naturellement, le coton ne pousse pas au pied des Pennines. Si le Lancashire est une région idéale pour y installer les moteurs à vapeur qui font tourner les spinning mules, la matière première, elle, doit être importée des colonies de l'Empire : l'Inde d'abord, puis les Caraïbes et - bien sûr - les États-Unis. C'est-à-dire que pour faire tourner l'industrie manchestérienne et, incidemment, exporter les produits finis il faut un port. Or, il se trouve que le port le plus proche est situé là où la Mersey se jette dans la mer d'Irlande : c'est Liverpool. C'est ainsi qu'en ce début du XIXe siècle le sort de ces [...]

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